Développement durable ou le gouvernement du changement total

29 10 2010

 

 

Parution

aux éditions Le Bord de l’eau,

collection « Diagnostics ».

 

 

 

 

 

 

Un auteur est toujours impatient de voir sortir en librairie son dernier livre, a fortiori lorsqu’il résulte d’un long travail. Sort donc en ce moment un nouvel ouvrage qui permet de rassembler différents travaux entrepris depuis quelques années autour du « développement durable ». Il aidera, j’espère, à mieux comprendre les logiques et les implications des politiques qui se réclament de ce label ou qui prétendent se placer dans ce sillage.

En guise de présentation, voici quelques lignes de l’introduction pour préciser l’orientation du livre :

Faire changer l’ensemble de la société. Tel est le grand but qui semble devenu impératif avec la mise à l’ordre du jour du « développement durable ». Il faut reconnaître que l’enjeu présenté est fort : il en irait du devenir de la planète elle-même, soumise à des pressions de plus en plus lourdes à supporter. De multiples échos, médiatiques, scientifiques, politiques, répercutent des séries de menaces, écologiques notamment, qui paraissent suffisamment nombreuses, graves et étendues pour justifier le besoin d’une réaction collective ferme.

Le thème du « développement durable » s’est trouvé progressivement construit comme un axe majeur de réponse. L’emballage normatif et rhétorique de cette problématique a été abondamment souligné, notamment par ceux qui se sont efforcés d’en retracer l’origine ou la diffusion. Mais l’analyse doit maintenant aller au-delà. Pourquoi ? Parce que la saisie de plus en plus fréquente de l’enjeu semble quitter le simple registre rhétorique et que les effets pratiques de la circulation de cette thématique commencent à s’accumuler. Au point même que l’ordre et le fonctionnement institutionnels peuvent paraître à une période de basculement, sous l’effet précisément de transformations cumulatives. C’est donc à un autre stade de la réflexion qu’il faut dorénavant passer pour appréhender plus précisément le mouvement d’adaptation apparemment ébauché.

En prenant pour objet le « développement durable », l’objectif de cet ouvrage n’est pas en effet de refaire l’analyse d’une production idéologique, de se limiter à l’interprétation du sens d’un concept ou à l’histoire de son implantation, ce qui reviendrait à répéter des travaux qui commencent à devenir redondants. Il s’agit ici davantage de cerner les prolongements, les implications, les incarnations de ce grand but en terme de tâches et d’activités gouvernementales. Dans la manière dont est institutionnellement saisi et mis en chantier l’objectif de « développement durable » pourrait en effet bien se jouer une mutation historique d’importance, liée au réarrangement des capacités collectives pour tenter de répondre aux enjeux convergents mis sur le devant de la scène.

En quoi s’agirait-il alors d’un nouveau moment historique ? La réponse renvoie notamment au rapport des institutions au changement et à la manière de le prendre en charge collectivement. Avec l’impératif de « durabilité » ou de « soutenabilité » du développement, ce rapport paraît notablement évoluer. Derrière les multiples ajustements et repositionnements qui s’effectuent, semblent prendre forme et s’assembler les pièces d’un nouveau grand dessein commun, qui serait non seulement de promouvoir un changement profond et général mais aussi désormais de piloter et de gérer ce changement. C’est principalement ce réagencement, ses logiques organisatrices et les processus le rendant possible que cette étude propose d’interpréter. Précisément parce que les activités et stratégies de gouvernement, en pénétrant sur ce nouveau terrain, semblent changer de registre.

 

La suite dans le livre. Et pour ceux que le sujet intéresserait, une occasion de soutenir sa librairie de quartier…





Dissolution ?

13 10 2010

Deux questions faussement naïves, au lendemain de la quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

  • Pourquoi le chef de l’État, s’il est si sûr de la légitimité de la réforme préparée par son gouvernement, ne choisit-il pas de dissoudre l’Assemblée nationale, histoire de vérifier l’assentiment populaire ?
  • Pourquoi « l’opposition » ne demande-t-elle pas cette même dissolution, et donc des élections anticipées ?

Certes, la situation n’est pas arrivée à un point comme celui qui vit le Général de Gaulle prononcer la dissolution le 30 mai 1968.





Gouverner en pensant systématiquement aux conséquences ?

7 05 2010

C’est le titre d’un article récemment paru dans la revue électronique Vertigo (vol. 10, n° 1, avril 2010) et dans lequel je m’intéresse aux implications institutionnelles de l’objectif de « développement durable » (dans le prolongement d’une réflexion plus large déjà présentée ici). Les logiques induites peuvent effectivement avoir des effets particuliers et elles méritent donc un regard plus attentif.

Résumé :

La réalisation d’un « développement durable » est devenue un objectif courant des agendas gouvernementaux. Il peut être interprété comme la formulation d’une obligation envers l’avenir et d’une nécessité de révision de la manière de préparer cet avenir. Les implications éthiques et institutionnelles peuvent être importantes : si la collectivité se rallie à cette logique, elle va devoir adapter son état d’esprit général et s’occuper des conséquences de ses actions, y compris celles qui pourraient paraître éloignées dans le temps. Précisément, un tel projet suppose d’éviter les conséquences jugées négatives, notamment celles qui correspondraient à des effets irréversibles, dans une démarche de surcroît systématique.

Il importe de saisir les soubassements et les orientations de cette reconfiguration qui pourrait s’avérer engagée. Cette apparente généralisation de l’attention pour les conséquences, portée de manière emblématique par une thématique comme celle du « développement durable », laisse en effet entrevoir une rationalité gouvernementale en évolution. Elle tend à induire non seulement des transformations dans l’appréhension des objets de gouvernement, mais aussi des repositionnements des cadres programmatiques à partir desquels s’élaborent les interventions institutionnelles. De ce mouvement paraissent ou pourraient émerger de nouveaux principes d’action et il est donc essentiel d’engager la réflexion pour en cerner les contours et les lignes directrices.

L’article fait partie d’un intéressant dossier intitulé « Ethique et environnement à l’aube du 21ème siècle » (un peu de promotion en même temps pour une revue qui essaye de faire un vrai travail interdisciplinaire de qualité depuis maintenant 10 ans).





La « consommation durable » comme gouvernementalisation de la consommation

7 12 2009

« Consommation durable », « consommation responsable », « consommation éthique », autant d’expressions qui signalent le développement de tentatives plus ou moins convaincues, plus ou moins sincères, pour réduire les à-côtés indésirables des activités de consommation (et sur de nombreux aspects, la conférence de Copenhague sur le changement climatique qui s’est ouverte cette semaine en est aussi un écho). La liste des griefs reliés à la consommation s’est en effet allongée : déchets en quantités croissantes, pressions sur l’environnement et certaines ressources, négligence des conditions de travail dans des pays exportateurs à bas coût de main d’œuvre… Devenus plus visibles, saisis comme objets de mobilisations, ces problèmes, notamment écologiques mais pas seulement, ont progressivement suscité une montée de réactions, diverses mais potentiellement convergentes, pour essayer d’y remédier.

Les enjeux affichés ne sont pas minimes et la manière dont ils sont socialement, institutionnellement et économiquement saisis encore moins. Il est donc loin d’être inutile d’examiner plus précisément la dynamique dans laquelle ces enjeux sont rentrés et les modalités par lesquels ils semblent commencer à être traités. D’autant que semblent se construire là des prescriptions fortes qui peuvent descendre jusqu’aux comportements les plus quotidiens.

Dans le sillage d’autres travaux sur l’institutionnalisation du « développement durable », c’est cet examen qu’il me paraissait important de faire et dont le résultat vient de paraître sous forme d’article dans la Revue française de science politique (volume 59, n° 5). L’article s’intitule « La « consommation durable » comme nouvelle phase d’une gouvernementalisation de la consommation », parce que je pense effectivement que se joue dans le processus engagé une forme renouvelée de gouvernement. Je reprends en fait ce dernier terme dans une perspective qui se rapproche de celle de Michel Foucault et qui se place en l’occurrence au croisement entre gouvernement des conduites et conduites de gouvernement.

L’argument de l’article est le suivant. La montée de la thématique environnementale et la mise en avant de l’objectif d’un « développement durable » ont contribué à nourrir un intérêt renouvelé pour la sphère de la consommation, pas seulement dans des organisations militantes ou chez certains publics préoccupés mais aussi du côté des institutions publiques. Au fil des années 1990 notamment s’est ainsi développée une nouvelle dimension du travail de régulation publique visant la partie la plus en aval des circuits économiques, précisément pour en éliminer les effets jugés négatifs et pouvoir la soumettre à des critères de « durabilité ». Les initiatives engagées peuvent toutefois amener à se poser des questions : elles ont en fait pris une orientation qui vise principalement la population, essentiellement considérée en tant qu’ensemble d’individus consommateurs. Ces derniers sont censés prendre conscience de leur part de responsabilité dans les pressions exercées sur les ressources et les milieux naturels et donc de la nécessité d’adapter leurs habitudes de consommation pour pouvoir améliorer la situation. Il faut aller au-delà de ce discours d’évidence, le décortiquer pour comprendre la dynamique qui se structure. L’article examine pour cela le cadre discursif et programmatique qui vient dans un même mouvement redéfinir à la fois les figures du consommateur et du citoyen pour parvenir à un individu pouvant être intéressé et mobilisé en faveur de prescriptions nouvelles. Pour pénétrer la rationalité des interventions et propositions élaborées dans ce sillage, il fallait aussi analyser les logiques à partir desquelles s’est installé un ensemble de stratégies tentant de conformer les actes de consommation à des exigences renouvelées. Ces analyses permettent de mieux saisir les dispositifs institutionnels privilégiés (communication en direction des consommateurs, labellisation…), notamment dans la mesure où ils apparaissent comme le résultat d’un espace des possibles contraint. Au final, j’essaye ainsi de montrer l’agencement de normes et de relais en train de se déployer, d’ailleurs tout en suscitant par la même occasion des points de tension.

C’est ce parcours qui me permet de conclure que la « consommation durable » peut être analysée comme une forme de gouvernementalisation de la consommation, avec des effets qui ont  de quoi susciter quelques lourdes interrogations.

 

Cette extension d’une logique de « développement durable » correspond effectivement aussi à un grand jeu de redistribution des responsabilités. La « consommation durable », telle qu’elle est actuellement promue, donne un contenu moral à des activités apparemment ordinaires et promeut plutôt les remises en question individuelles. Que visent en effet les démarches envisagées ? Presque une requalification de la manière dont la consommation peut prétendre apporter satisfaction des besoins et assouvissement des désirs. Consommer pourrait rester possible et cela pourrait se faire avec bonne conscience, pour peu que soient adoptées des attitudes « responsables » et des pratiques « durables ».

Ce discours de la « consommation durable » ne se confond pas avec une critique du consumérisme ; dans une certaine mesure, il la désamorce. La dynamique en cours peut même favoriser une dépolitisation des enjeux, dans le sens où accomplir des actes comme mettre une ampoule basse consommation ou trier ses déchets peut facilement être converti dans une forme de bonne conscience et aboutir au sentiment d’avoir apporté une contribution à la résolution des problèmes. La rhétorique des « petits gestes » mérite donc plus d’attention, car elle tend à faire peser sur l’individu les contraintes d’adaptation du système, en déplaçant le fardeau moral au détriment d’une réflexion (collective et pleinement politique) sur les grands choix, ceux qui justement structurent voire conditionnent ces mêmes activités de consommation.

L’article est accessible en ligne pour ceux qui peuvent passer par le portail cairn.





Le gouvernement du changement total. Sur la transition au « développement durable » et sa gestion

16 11 2008

 

J’ai soutenu il y a quelques mois un mémoire d’habilitation à diriger les recherches (intitulé Le gouvernement du changement total. Sur la transition au « développement durable » et sa gestion) et je suis en train de le retravailler pour pouvoir le publier sous forme de livre accessible à un public plus large. En attendant cette publication, je vais essayer de présenter progressivement le contenu de cette recherche sur ce blog, sachant que certains résultats et prolongements sont en train de paraître ou sont en évaluation dans des revues académiques (voir la page Publications). L’idée est de mettre ce travail en discussion et de confronter les analyses avec les réactions des lecteurs intéressés.

 

Avant la mise en ligne des premiers éléments, voici le synopsis de ce projet de livre.

 

Le gouvernement du changement total

 Sur la transition au « développement durable » et sa gestion

 

Le « développement durable » est à l’ordre du jour et pèse de plus en plus comme référence apparemment incontournable. Avec lui s’est installé un nouveau grand but qui semble devenu impératif et général : faire changer l’ensemble de la société. Si ce nouvel enjeu collectif est de plus en plus considéré comme majeur, c’est qu’il concerne le devenir de la planète elle-même, soumise à des pressions et des menaces suffisamment nombreuses et graves pour justifier le besoin d’une ferme réaction générale.

 

Beaucoup d’emballage rhétorique entoure encore cette thématique du « développement durable », mais sa circulation a aussi des effets pratiques qui commencent à devenir visibles, notamment dans les activités de gouvernement. Au point même que l’ordre et le fonctionnement institutionnels peuvent paraître à une période de basculement, sous l’effet précisément de transformations, de reconfigurations, d’ajustements qui semblent s’accumuler. C’est donc à un autre stade de la réflexion qu’il faut dorénavant passer pour appréhender plus précisément cette apparente dynamique d’adaptation générale.

 

En prenant pour objet le « développement durable », l’objectif de cette étude est justement de mieux cerner les prolongements, les implications, les incarnations de ce grand but en terme de tâches et d’activités gouvernementales. Pourquoi ? Parce que dans leur adaptation pourrait bien se jouer une profonde mutation. La manière dont est institutionnellement saisie et mise en chantier la transition au « développement durable » peut en effet participer à l’émergence d’une nouvelle configuration historique. L’évolution en jeu touche le cœur des institutions contemporaines, précisément leur rapport au changement et à sa prise en charge collective. De fait, derrière les multiples ajustements et repositionnements qui s’effectuent, semblent prendre forme et s’assembler les pièces d’un nouveau grand dessein commun, qui serait désormais de piloter et gérer un changement profond et général.

 

C’est principalement cet agencement, ses logiques organisatrices et les processus de réarrangement qui lui donnent forme que cette étude propose d’interpréter. Il ne s’agit pas en effet de se contenter d’avancer un cadre de réflexion sur l’ancrage de cette thématique du « développement durable » dans les sphères institutionnelles. Il faut surtout saisir ses modalités de prise en charge et ses effets pratiques, autrement dit examiner attentivement ce que cette dynamique peut induire comme transformations dans l’ordre institutionnel et gouvernemental. Cette étude est donc aussi un moyen d’esquisser une perspective théorique sur et à partir de la manière dont les institutions en place prétendent engager la transition vers un stade « durable » du développement, d’autant que ce processus semble entraîner avec lui une série de repositionnements des modes de gouvernement et de régulation des activités humaines.

 





Le gouvernement du « développement durable » (mémoire d’HDR)

25 08 2008

 

 

 

Le gouvernement du changement total

Sur la transition au “développement durable” et sa gestion

 

Mémoire d’Habilitation à Diriger les Recherches

présenté à

l’Ecole Normale Supérieure de Cachan (18 juin 2008)

 

 

Résumé :

 

La mise à l’ordre du jour du « développement durable » a installé un nouveau grand but qui semble devenu impératif et général : faire changer l’ensemble de la société. À travers cette conceptualisation, c’est en effet tout un projet collectif qui se trouve plus ou moins nettement dessiné, un projet visant une transition vers un mode de développement dont les conséquences néfastes seraient éliminées, garantissant donc le devenir de la planète face à des pressions qui ont paru de plus en plus lourdes à supporter. De multiples échos, médiatiques, scientifiques, politiques, répercutent des menaces qui se révèlent suffisamment nombreuses et graves pour justifier une ferme réaction collective.

Le thème du « développement durable » semble en être une expression et un prolongement. Son succès peut se mesurer à la quantité croissante de réflexions qu’il a suscitée. Dans les plus proches des sciences sociales, l’emballage idéologique, rhétorique, de la problématique y a été abondamment souligné, notamment par ceux qui se sont efforcés d’en retracer l’origine ou la diffusion. Mais l‘analyse doit maintenant aller au-delà, car la saisie de plus en plus fréquente de l’enjeu semble quitter le simple registre rhétorique et les effets pratiques de la circulation de cette thématique commencent à s’accumuler. Au point même que l’ordre et le fonctionnement institutionnels peuvent paraître à une période de basculement, sous l’effet précisément de transformations cumulatives. C’est donc à un autre stade de la réflexion qu’il faut dorénavant passer pour appréhender plus précisément cette dynamique adaptative apparente.

En prenant pour objet le « développement durable », l’objectif de cette étude n’est pas de refaire l’analyse d’une production idéologique, de se limiter à l’interprétation du sens d’un concept ou à l’histoire de son implantation, ce qui reviendrait à répéter des travaux qui commencent à devenir redondants. Il est davantage de cerner les prolongements, les implications, les incarnations de ce grand but en terme de tâches et d’activités gouvernementales. Dans l’adaptation de ces dernières pourrait en effet bien se jouer une mutation plus profonde. La manière dont ces activités saisissent et mettent en chantier le vaste ajustement envisagé peut participer à l’émergence d’une nouvelle configuration historique, dont dépendra aussi la capacité collective à saisir cet enjeu d’un développement supposé pouvoir devenir « durable ». Ce nouveau moment historique percerait notamment dans l’évolution du rapport des institutions au changement et à sa prise en charge collective. Derrière les multiples ajustements et repositionnements qui s’effectuent, semblent prendre forme et s’assembler les pièces d’un nouveau grand dessein commun, qui serait désormais de piloter et gérer un changement profond et général. C’est principalement cet agencement, ses logiques organisatrices et les processus de réarrangement qui lui donnent forme que cette étude propose d’interpréter. Précisément parce que le travail de gouvernement, en pénétrant sur ce nouveau terrain, semble changer de registre.

Si se joue un processus historique de réorganisation collective, comme certains indices semblent l’indiquer, il est important de le repérer et de l’analyser. Cette étude ne vise donc pas simplement à construire un cadre de réflexion sur l’ancrage de cette thématique du « développement durable » dans les sphères institutionnelles. Elle vise surtout à saisir ses modalités de prise en charge et ses effets pratiques. Il n’est pas seulement intéressant de voir comment cette dynamique a émergé (travail qui est déjà largement engagé), mais aussi ce qu’elle peut induire comme transformations dans l’ordre institutionnel. Le thème est d’autant plus important à étudier qu’il apparaît comme un facteur et une aire de transformations des modes de gouvernement et de régulation publique et qu’il peut, par la même occasion, servir d’analyseur de processus adaptatifs.

L’étude est ainsi organisée en cinq étapes.

La première revient sur les voies et fondements par lesquels la thématique du « développement durable » trouve une cohérence au point de finir par représenter une nouvelle forme de projet collectif. Elle montre aussi que sa robustesse et ses ramifications tiennent aux réseaux de plus en plus étendus capables de l’appuyer.

La deuxième étudie comment, à travers l’objectif de « développement durable », prend forme et se développe dans la sphère institutionnelle un travail cognitivo-pratique et réflexif sur le changement, tentant notamment de repérer et créer les conditions nécessaires pour celui-ci, de trouver les leviers et les moyens d’action pour le réaliser.

La troisième examine la (re-)construction d’une prétention régulatrice, axée notamment sur une gestion anticipée des conséquences, et les dispositifs d’accompagnement qui se développent, sous forme d’indicateurs notamment, à la fois en incarnant celle-ci et en contribuant à la conforter.

La quatrième vise à pénétrer l’évolution du processus de rationalisation et notamment l’apparente réorientation que semble marquer ce processus, précisément en revenant sur lui-même à travers le déploiement de la thématique du « développement durable ». Cette troisième partie montre l’assimilation procédurale qui tend à s’effectuer et analyse, à partir des démarches de formation des agents publics, les possibilités d’apprentissage collectif.

En revenant sur les aspirations diffuses à la recréation d’une communauté de destin et à l’ajustement des modes de consommation par le biais du « développement durable », la cinquième et dernière partie porte sur les dynamiques tâtonnantes de redéfinition et de réorganisation du collectif et de ses modes de gouvernement.

La conclusion termine ce parcours en essayant de comprendre les ambiguïtés et les tensions qui marquent les évolutions perceptibles.

 

Jury :

Dominique Bourg, Professeur à l’Université de Lausanne

Patrice Duran, Professeur à l’Ecole Normale Supérieure de Cachan

Pierre Lascoumes, Directeur de recherche CNRS

Patrick Le Galès, Directeur de recherche CNRS

Pierre Mathiot, Professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Lille