Sur les objectifs de la « Semaine du développement durable » : la consommation ou le consommateur ?

30 03 2009

 

Début dans quelques jours de la « Semaine du développement durable ». Depuis 2003, l’opération de sensibilisation organisée sous l’égide du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable est reconduite chaque année et le thème cette année est la « consommation durable ». L’expression peut paraître curieuse. Elle désigne en fait l’application et la recherche d’une logique de « développement durable » pour les activités de consommation.

 

L’enjeu affiché ? Réorienter les modes de consommation pour en éliminer les effets indésirables ou les implications problématiques (déchets, pollutions, mais aussi surexploitation de mains d’œuvre dans des pays aux conditions de travail moins régulées).

 

À l’analyse, la question qui peut se poser est toutefois celle du sens de cette réorientation. Sont en effet diffusées des nouvelles normes de consommation qui sont aussi des normes de comportement. Les formes qu’elles prennent sont loin d’être indifférentes. Autrement dit, si ces normes doivent participer à l’aménagement de la « société de consommation », il peut être intéressant de les examiner plus attentivement.

 

En l’occurrence, la réforme de la « société de consommation » semble aussi passer par un modelage du consommateur. À travers la « consommation durable », ce qui est en jeu et ce qui est en train de se construire peut être analysé comme une forme de gouvernement des conduites. Avec, derrière, un vaste jeu de redistribution des responsabilités.

 

Mais, si des ajustements sont proposés, demandés, souhaités, jusqu’où remontent les réflexions et remises en question ? La « consommation durable » peut en fait être interprétée comme l’entrée de la consommation dans un nouveau processus de « gouvernementalisation », dont on peut voir les logiques s’installer progressivement. Comme on va pouvoir à nouveau le constater cette semaine avec la diffusion de messages plus moins publicitaires à vocation prescriptive, cette « gouvernementalisation » s’effectue en effet de telle manière qu’elle tend souvent à placer l’accent sur le niveau individuel des « petits gestes », et donc au détriment d’une réflexion (collective) sur les grands choix et sur le système économique dans lequel ils s’enclenchent. Cette rhétorique des « petits gestes » semble au bout du compte effacer la question des grandes orientations qui structurent les modes de consommation, et ainsi faire peser sur l’individu les contraintes d’adaptation du système.

 

En guise d’éclairage de la tendance, je renvoie à nouveau à un texte que j’avais déjà proposé sur ce blog. Ce texte est encore disponible sur le site du congrès où il avait été présenté.

 

Pour une présentation plus courte et complémentaire, voir aussi « Angles morts et impensés de la « consommation durable » », article paru dans Vertitude Magazine, n° 27, Juillet-Septembre 2007. L’article peut être téléchargé ici.

 


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