Réguler les intelligences artificielles ? Vraiment ?

3 02 2024

Les États membres de l’Union européenne semblent se féliciter d’avoir approuvé vendredi 2 février une esquisse de cadre législatif (un « AI Act ») prétendant aider à réguler l’« intelligence artificielle ». Difficile en effet de ne pas entendre parler du sujet ces derniers temps, notamment parce que cette technologie a connu des avancées paraissant de nature à transformer notablement le paysage socio-économique dans les années qui viennent. Et pas seulement avec ChatGPT…

La science-fiction a d’une certaine manière pensé ces enjeux depuis bien longtemps. Et il y a en son sein un sous-genre, le cyberpunk, qui inciterait plutôt à une forme de scepticisme devant la pointe d’autosatisfaction de ces acteurs institutionnels. C’est l’occasion de renvoyer à un article paru l’année dernière pour expliquer pourquoi :

Résumé :
Au sein de la science-fiction, le sous-genre cyberpunk a été important dans la représentation spéculative des « intelligences artificielles » et de leurs effets. Entre fascination et anxiété, ces récits littéraires offrent aussi un laboratoire réalisant un travail de problématisation et faisant déjà apparaître un ensemble d’enjeux de régulation et de contrôle. Partant des principales œuvres de ce courant, notamment celles des premiers auteurs américains des années 1980, l’article propose d’appréhender ces représentations et ce que ces mises en scène révèlent comme difficultés ou même risques pour les humains dans leurs rapports avec ces entités. Il revient ensuite plus précisément sur les tentatives esquissées pour retrouver des formes de contrôle et, surtout, sur les limites presque inévitables qu’elles permettent de repérer et de penser.

                    #CyberpunkIsNow

Neuromancer: A cyberpunk role-playing adventure (jeu vidéo, 1988)




The Creator : l’anti-Terminator ?

18 10 2023

Le prix du syncrétisme en science-fiction cette année revient incontestablement à The Creator de Gareth Edwards pour réussir (consciemment ou inconsciemment ?) à faire penser à une abondante quantité de références, qui, pour l’amateur du genre, finit presque par parasiter la vision du film. Outre celles que tout le monde cite (Apocalypse Now, Blade Runner, Akira, etc.), on pense aussi à : Babylon Babies, Chappie, Le cinquième élément, Dr Folamour, etc., etc. À ce petit jeu, qui en rajoute ?

L’impression, d’ailleurs, est que le thème de l’intelligence artificielle n’est qu’un prétexte. Entre la guerre du Viêt Nam, les pulsions impérialistes, les coups tordus sur d’autres territoires souverains, la production de technologies incontrôlées (entre autres), c’est même impressionnant de voir la quantité de turpitudes que les Américains tentent d’expier à travers leur cinéma…