Le cadavre de la modernité industrielle bouge encore.

18 05 2012

Un « ministère du redressement productif » ? Tel est l’intitulé du ministère qui vient d’être confié à Arnaud Montebourg dans le nouveau gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Les connotations sont assez faciles à saisir. Réindustrialisation, croissance, compétitivité, etc. : ce ministère est censé prendre en charge les thématiques remises à flot lors de la récente campagne présidentielle.

Laissons de côté l’analyse politologique. Juste une question. Et si ce ministère n’était qu’une résurgence désespérée d’idées d’un autre siècle ? Un soubresaut d’une autre période supposée « glorieuse » (celle des trente années ainsi qualifiées) qui ne reviendra probablement pas. Les conditions changent (montée des technologies numériques, chômage massif, saturation des marchés dans les pays « développés », contraintes écologiques…) et l’époque de la production industrielle croissante, destinée à des consommateurs traités comme une masse manipulable, pourrait être en train de s’achever sans que les signes annonciateurs d’une mutation soient entrevus. Et si, donc, en plus de la nécessité de préserver des ressources naturelles limitées, les germes de l’innovation contributive (grâce aux coopérations dans des réseaux de type « pair à pair ») et de la fabrication personnelle, « open source » (notamment celle des imprimantes 3D déjà évoquées sur ce blog), étaient en train d’ouvrir une autre époque, qui a posteriori ferait passer ce type de ministère pour une curiosité datée ?

Je relisais récemment un petit texte d’André Gorz qui n’était pas loin de ce type d’hypothèse (« Crise mondiale, décroissance et sortie du capitalisme », Entropia, n° 2, printemps 2007, pp. 51-59, reproduit in Ecologica, Paris, Galilée, 2008). Bien sûr, il faudrait dégrossir et solidifier l’analyse. Mais si les paris sont ouverts, je parierais davantage sur les mammifères que sur les dinosaures…


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