Cartographier le contemporain

4 01 2009

Pour garder des prises sur la complexité sociale et donc des capacités d’action politiques, encore faut-il trouver les outils pertinents. Dans un article publié fin 2007, je montrais la puissance potentielle de la notion de réseau et je proposais de l’utiliser plus concrètement. L’enjeu n’est pas seulement de pouvoir suivre l’évolution du monde. L’enjeu, d’autant plus dans le contexte agité de ce début de siècle, est aussi de sortir d’une situation d’« irresponsabilité organisée », pour reprendre l’expression d’Ulrich BECK : une situation liée au développement de ce qu’il appelle la « société du risque » et  qui se traduirait par la difficulté à retrouver et analyser les origines souvent multiples et entremêlées des risques produits par le système industriel avec l’avènement de la modernité (Cf. Gegengifte. Die organisierte Unverantwortlichkeit, Suhrkamp, 1988, traduit en anglais sous le titre Ecological Politics in an Age of Risk, Polity Press, 1995 ; voir notamment le troisième chapitre « Industrial Fatalism: Organized Irresponsibility »).

Faire ce type de constat est utile, mais il serait peu productif d’en rester là. Tracer et suivre les réseaux du vaste système économique contemporain permettrait justement de mieux saisir des enchaînements de causalité, et par suite d’éviter de dissoudre les responsabilités ou de les faire porter là où elles ne devraient pas. Voilà qui pourrait redonner des bases pour différencier des degrés de responsabilité, autrement dit pour aider à voir dans quelle mesure certaines situations problématiques sont à relier à tels groupes ou types d’acteurs occupant des positions particulières. Repenser l’appréhension des phénomènes sociaux en retrouvant les réseaux qui en font la trame serait alors une autre manière d’envisager l’action politique.

La totalité de l’argumentation est disponible dans l’article en téléchargement. Il peut être aussi lu directement en ligne.


Référence :

« La connaissance et la praxis des réseaux comme projet politique », Raison publique, n° 7, octobre 2007.